Pauvreté et risques climatiques
Comment les crises qui se chevauchent aggravent-elles les difficultés qui affligent des centaines de millions de personnes ?










L'Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) mesure la pauvreté aiguë et multiforme dans plus de 100 pays en développement.
Lancé en 2010 par le PNUD et désormais produit avec l'Initiative d'Oxford sur la pauvreté et le développement humain, il ne se limite pas à prendre en considération uniquement le revenu pour révéler les multiples aspects et conséquences de la pauvreté.
Le rapport de l'IPM de cette année examine quatre aléas climatiques — fortes chaleurs, sécheresses, inondations et pollution atmosphérique — et estime le nombre de personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle exposées au moins à l'un d'entre eux. Il montre que les plus pauvres du monde, déjà privés de soins de santé, d'éducation et de conditions de vie de base, sont également en première ligne face au changement climatique.
Ce travail fait écho aux thèmes climatiques sur lesquels le Bureau du Rapport sur le développement humain du PNUD s'est penché de manière critique par le passé, notamment dans le Rapport sur le développement humain 2007/2008 consacré à la lutte contre le changement climatique et dans le Rapport 2020 sur le développement humain et l'Anthropocène.
Qui sont les plus pauvres et où sont-ils ?
Le Rapport 2025 de l'IPM inclut des données provenant de 109 pays totalisant 6,3 milliards d'habitants. Parmi eux, 1,1 milliard font face à une pauvreté multidimensionnelle aiguë. Environ 43,6 % des personnes vivant dans une pauvreté multidimensionnelle vivent dans l’extrême pauvreté, ce qui signifie qu'elles sont privées de 50 % ou plus des biens de première nécessité pour une vie digne.
Les enfants continuent de porter le fardeau le plus lourd. Environ 27,8 % des enfants vivent dans une pauvreté multidimensionnelle, un taux plus de deux fois supérieur à celui des adultes, où ce chiffre s'élève à 13,5 %. En termes absolus, les enfants représentent plus de la moitié des 1,1 milliard de personnes plongées dans une pauvreté multidimensionnelle.
La pauvreté infantile demeure l'une des dimensions les plus préoccupantes de la privation mondiale, avec des conséquences qui peuvent s'étendre sur des décennies, limitant les opportunités des générations futures. La pauvreté est concentrée dans les pays confrontés aux difficultés de développement les plus importantes. Plus d'un milliard de personnes pauvres, soit 90,5 % de la pauvreté multidimensionnelle mondiale, vivent dans des pays à développement humain faible ou moyen. Une écrasante majorité d'entre elles, soit 955 millions de personnes, vit en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Cette concentration souligne les désavantages structurels auxquels sont confrontés ceux qui luttent déjà avec des ressources et des opportunités de développement limitées.

Le tremblement de terre du 28 mars 2025 au Myanmar a détruit des habitations, des écoles et des infrastructures vitales, laissant les familles avec encore moins d’endroits sûrs. Pour les enfants, déjà deux fois plus susceptibles que les adultes de vivre dans la pauvreté, cette perte aggrave les difficultés et met leur avenir en danger.
Mais la pauvreté ne se limite pas aux pays à faible revenu. Près des deux tiers des personnes frappées par la pauvreté multidimensionnelle vivent dans des pays à revenu intermédiaire. Même les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure comptent encore un nombre important de pauvres, soit 103 millions, ce qui montre que la pauvreté persiste dans de nombreux contextes économiques.
Une grande majorité des personnes pauvres dans le monde sont quotidiennement confrontées aux aléas climatiques.
Près de 8 personnes sur 10 vivant dans une pauvreté multidimensionnelle (887 millions de personnes dans 108 pays) sont exposées à au moins un aléa climatique majeur.
Près de 309 millions de personnes pauvres sont exposées simultanément à trois ou quatre aléas climatiques. Parmi elles, environ 11 millions vivent dans des régions exposées aux quatre aléas, ce qui représente environ 1 % de la population pauvre mondiale.
Ces groupes disposent souvent de ressources limitées, d'une capacité d'adaptation réduite et d'un accès minimal à la protection sociale, de sorte que les effets des chocs environnementaux concomitants sont nettement plus graves.
Des fardeaux qui se conjuguent
Les fardeaux de la pauvreté et du climat se conjuguent le plus violemment en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
L'Asie du Sud compte à elle seule 351 millions de personnes pauvres confrontées à de multiples aléas, tandis que 193 millions en Afrique subsaharienne doivent faire face à la même réalité.
Dans des pays comme la République centrafricaine, le Tchad et le Niger, plus de 80 % des pauvres vivent dans des zones exposées à au moins un aléa climatique. Dans les États arabes, plus de 8 personnes pauvres sur 10, soit 42 millions, subissent de fortes chaleurs. En Amérique latine et dans les Caraïbes, plus d'un tiers des personnes pauvres vivent dans des régions affectées à la fois par la chaleur et les inondations, et plus d'un quart sont également exposées à la sécheresse. En Europe et en Asie centrale, où les niveaux de pauvreté sont globalement plus faibles, environ 4 personnes pauvres sur 10 sont confrontées à la sécheresse et à la chaleur.

Une famille à Dadu, dans le Sindh, reconstruit sa maison endommagée par les inondations. Les fardeaux de la pauvreté et du climat se conjuguent le plus violemment en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.

Les aléas climatiques aggravent la pauvreté. Dans des endroits comme le Somaliland, la sécheresse compromet les moyens de subsistance et oblige les femmes et les filles à marcher plus loin pour aller chercher de l’eau.

À Skopje, l’une des villes les plus polluées d’Europe, un épais brouillard de pollution fait partie du quotidien, et les ménages les plus pauvres en particulier respirent cet air toxique.
Les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure sont lourdement touchés par l'exposition aux aléas climatiques. Environ 548 millions de personnes pauvres dans ces pays vivent dans des zones exposées à au moins un aléa climatique. La majorité d'entre elles sont confrontées à de multiples défis : 446 millions sont exposées à la chaleur, 441 millions à la pollution atmosphérique et 325 millions aux inondations. Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure comptent moins de pauvres, mais une proportion écrasante de 91 % d'entre eux, soit environ 93 millions de personnes, fait face à au moins un risque climatique, notamment la pollution atmosphérique et les inondations.
Il faut s’attendre à de nouvelles hausses des températures
Le message du Rapport IPM 2025 est clair. Les communautés les plus pauvres du monde subissent un fardeau inégal dû aux aléas climatiques qu'elles n'ont que peu contribué à créer, et il est urgent d'agir à l'échelle mondiale pour remédier à ce déséquilibre.
Les données de projection de la plateforme Human Climate Horizon du PNUD suggèrent que les pays les plus pauvres d'aujourd'hui risquent de connaître les plus fortes augmentations de chaleur extrême au cours des prochaines décennies.
Briser ce cycle nécessitera des approches à la fois centrées sur les personnes et respectueuses de la planète, telles que des systèmes d'alerte précoce, une protection sociale élargie et des investissements dans des programmes qui protègent la nature tout en créant des emplois.
Mais ces efforts ne peuvent reposer uniquement sur les pays pauvres. La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) n'est qu'un forum international parmi d'autres pour examiner le financement de la justice climatique et l'élargissement des financements multilatéraux. Un avenir durable dépend de l'alignement de la réduction de la pauvreté sur l'action climatique. Les plus vulnérables ne peuvent être abandonnés face au réchauffement climatique.

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